@INSA Rennes - Faya Burn, Naâman, Fatbabs, le 31/01/13
Ce
soir c'est la première date de votre tournée 2013. Et on se demande
comment ce fait-il que vous soyez ici à l'INSA de Rennes ?
Naâman :
C'est ça, on commence l'année avec cette date là. En fait on a été
contactés par le BDE de l'INSA, qui s'appelle le Bebop, et qui
organise des concerts. On est venu pour faire bouger Rennes qui est
une ville qu'on kiff déjà à la base et le public rennais est mad !
Fatbabs :
Moi j'habite à Rennes, enfin à Montgermont juste à côté !
Alors,
comment a commencé le projet « Naâman » ?
N. :
Moi j'ai commencé vers 16 ans à peu près, dans le reggae. On a
créé un sound system avec mes potes. On a acheté des platines, des
vinyles et on jouait comme ça chez moi à Dieppe. On a commencé en
privé vraiment, et puis nos soirées on commencé à bien marcher,
ça a commencé à attirer du monde. Il a fallut un chanteur alors
j'ai commencé à chanter et depuis on a continué à fond. Et puis
j'ai rencontré Fatbabs. Au début j'étais avec Incutprod, c'est lui
qui a commencé à me faire mes instrus à Caen quand j'étais
étudiant. Lui aussi est venu s'installer à Rennes d'ailleurs. On a
démarré par des trucs à la guitare avec des morceaux comme How
Many Times. On a fait pas mal de petits single comme ça, et au final
il m'a fait rencontrer Fatbabs. On s'est rencontrés ici justement, à
Rennes.
F. :
Ouais, dans cette même période de l'année en plus. A la sortie de
Rumours avec la grosse track ! En fait c'est Incut qui
m'avait appelé, j'étais passé, et donc moi je lui ai fait écouter
des sons, et on a record direct ! A la vibes ! On s'est
rencontrés, on a tcheké, moi j'ai apporté un riddim, Incut avait
la caméra et voilà.
Donc
les vidéos qu'on peut voir sur Youtube viennent de là ?
F. :
Ouais, c'était ce jour là en fait ! A l'époque c'était Incut
et depuis c'est Faya qui fait les clips.
N. :
Après ce morceau là, Incut est parti en Espagne pour ses études
donc j'ai proposé direct à Fat si ça l'intéressait de taffer sur
une mixtape avec moi. On était parti sur un simple titre je crois,
mais au final on en a fait dix parce qu'on était sur de supers
instru et le feeling est bien passé !
F. :
C'est ça, c'était cool, y'avait de la vibes donc voilà !
N. :
Ouais ! Et donc le dix titres on l'a fait en autoprod, au
« made » quoi !
Vous
avez retrouvé Incut en Espagne ?
N. :
Non, enfin, ça nous est arrivé de jouer en Espagne. Moi j'y suis
allé pour connecter avec Sista Moni notamment, mais tout le projet
Deep Rockers est resté en France.
Vous
aviez déjà fait une tournée en 2012, quelles en sont vos
impressions ?
N. :
C'était... c'était... Une sacrée tournée !
Était-ce
la première ?
N. :
Non, j'ai fait des petites tournées avant, mais c'est la première
fois que j'emmagasinais autant de dates quoi ! Je faisais aussi
des grosses dates comme Reggae Sun Ska. J'ai fais à peu près
soixante-dix dates cette année là, en neuf mois, on a sortit le
truc en mars. J'ai fais la moitié des dates avec Fat et l'autre
moitié avec mon groupe. Et les impressions c'est : énorme
quoi ! On a ridé la France, en plus y'avait souvent du monde
qui était là, qui répondait présent. Donc c'était super !
Tu
es très sollicité ?
N. :
Ouais, bah c'est quand même soixante-dix dates, et c'est pas des
démarches, c'est des dates qu'on nous proposait. A l'époque on
avait pas forcément de manager. Au début, j'avais pas Peter mon
manager. Big up Peter qui n'est pas là avec nous mais qui
aurait être assis juste ici ! Donc à ce moment, je ne faisais
pas de démarches. Et puis le manager est arrivé, donc ça a
consolidé le truc, ça a permis de faire les choses plus
professionnellement. De moins me fatiguer aussi, parce que moi ça me
tuait de penser à tout ça !
F. :
Moi par rapport aux impressions je dirais un très bon accueil !
Question
plus « intime », pourquoi avoir choisi la voie du
reggae ? Pourquoi être parti dans ces beat pour toi
Fatbabs ?
F. :
Alors, en fait j'écoutais à bloc de hip hop à la base. Et sur les
premiers sons de Rumours a gwann, c'est la première fois où je me
suis dit : pourquoi pas sampler un artiste reggae ? Et
voilà, du coup ça m'a inspiré, j'ai sorti la track. Après quand
j'ai entendu la voix de Naâman ça m'a fait kiffer pour justement
tester le reggae. En fait c'est la même chose, c'est un peu comme la
soul, d'habitude je suis plus habitué à sampler de la soul. Là
c'est pareil y a la rythmique au niveau du skank (contre temps ou
after-beat), c'est carément accéléré, l'amener à 90 bpm et la
ramener dans une rythmique hip hop dessus. Du coup Naâman apportait
beaucoup avec sa voix, donc j'ai samplé à fond dessus quoi !
Avant j'écoutais beaucoup de reggae et c'est comme ça que je suis
venu à encore plus kiffer le reggae et donc à m'intéresser plus
aux artistes que je samplais, à la culture et tout ça.
N. :
Pour ma part, le reggae c'est le message avant tout. Faire parti
d'une musique engagée qui a des responsabilité, qui a un sens
global de ce qui se passe. Qui parle à tout le monde, qui apporte du
bien. Ça ça me touche, surtout en ce moment où on est dans une
période où on ne sait pas trop où l'on va. Je parle pour moi, mais
c'est une période de changement, y'a beaucoup beaucoup de choses qui
changent et les gens vont avoir besoin de se rattacher aux vraies
valeurs je pense. Le reggae a un rôle à jouer là-dedans, et c'est
pour ça que je suis là-dedans. Le fait d'apporter des beats et
juste le fait que j'ai kiffé Fat quoi !
F. :
Je pense que c'est une sorte de connexion entre deux mondes. Entre
l'un qui a été éduqué au reggae, l'autre au hip hop...
N. :
Fat qui faisait du hip hop et qui écoute du reggae. Moi qui vient du
reggae mais qui écoutais du hip hop et qui kiff le hip hop !
Voilà c'est cool !
F. :
Ça a créé la complémentarité du truc en fait ! Et je pense
que c'est ce qui a amené cette vibes nouvelle. Pour nous deux
c'était tout frais en fait, le reggae était tout frais pour moi et
le hip hop pour lui, donc je pense que c'est ça qui a amené la
créativité pour une nouvelle vibes.
Vous
avez fait un voyage en Jamaïque pour revenir aux « sources »
si on peut dire.
N. :
Ouais ! A la base je suis parti aux Îles Vierges un mois et
demi, après la tournée. On a fait soixante-dix dates et il fallait
que je fasse un petit break quoi, parce que je suis pas trop habitué
à faire autant de dates. Donc je me suis pris un billet pour les
Îles Vierges, pour un mois et demi là-bas. C'était du chill plus !
Et il y a un label qui s'appelle Soulbeats, qui a eut vent de ce
voyage là et qui a proposé en même temps de nous faire remixer
Deep Rockers dans un studio à Kingston. Donc Fat faisait parti du
projet. Toute l'équipe a débarqué, le manager, le camera-man... On
s'est retrouvés à partir de janvier à Erijy en train de rejouer
Deep Rockers avec Slaï, avec Dalton, des supers musiciens. Y'avait
Axmann à la basse, Steven Stewart au contrôle. Et on a préparé un
petit truc, une petite édition pour Deep Rockers.
C'était
la première fois que vous alliez en Jamaïque ?
N. :
Oui, on n'est pas restés que à Kingston. On a loué une voiture on
a fait le tour, on a vraiment essayé de trouver les spots qu'on
voulait. En plus on est parti avec mon ancien Selecta qui est un
surfeur, donc on a fait pas mal de plages ! On a essayé de
faire son+surf, c'était le kiff, pure vibes franchement !
Vous
êtes rentrés il n'y a pas longtemps du coup.
N. :
Ouais, avant-hier, ah ah !
Et
presque en même temps que la sortie de Smoke Tricks dont certains
ont eut des avis un peu divergents par rapport au virage musical et
au nouveau clip qui est sorti. Qu'est-ce que vous leurs dites à ces
personnes ?
N. :
Je pense déjà que ce n'est pas un virage musical. C'est juste qu'en
fait les gens sont habitués à recevoir ce qu'un artiste envoie et
ça représente ce qu'il fait en ce moment, mais c'est pas ça !
On est toujours dans la même vibes, sauf que à un moment, Fat a
produit une musique complètement folle, Smoke Tricks que j'adore, et
moi j'ai mis une vibes dessus parce que j'ai vécu des trucs qui me
font kiffer cette vibes là. Après ce qu'il faut se demander, c'est
est-ce qu'il faudrait censurer notre art par peur de ne pas plaire
aux gens ou est-ce qu'on devrait donner tout ce qu'on a et même si
ça ne ressemble pas du tout à ce qu'on fait d'habitude ?
Voilà, donc moi je pense que c'est super cool d'avoir un peu tenté
les gens comme ça...
F. :
Ouais je trouve ça bien aussi !
N. :
Et j'espère que ceux qui ont l'esprit un peu musical verront quand
même ce qu'il y a d'intéressant dans cette track ! Je pense
que c'est la track dont je suis le plus fière, c'est la première
fois que je suis fière d'une chanson je pense, et c'est Smoke
Tricks. Ça ne veut pas dire que je vais faire du hip hop toute ma
vie, c'est juste que j'ai kiffé ce morceau !
F. :
Si tu poses cette question là, je pense aussi que c'est parce qu'il
y a beaucoup de personnes qui attendent et qui check avec un regard
genre « Ouais il a travaillé sur une track de dingue !
Il la prépare depuis très longtemps ». Mais ce qu'il faut
savoir avec cette track là, c'est que c'est une vibes tu vois ?
Ça a été genre, je lui ai envoyé des morceaux reggae, et il m'a
dit « Nan, j'ai préféré ça, ce morceau hip hop ! ».
Du coup après c'est venu comme ça, très spontanément, c'est comme
quand tu t'éclates à une soirée !
N. :
Tu lâches un truc sur une instru !
F. :
Ouais ! Et le lendemain, on s'est dit vas-y on va le record et
du coup on l'a record ! Ça ressort comme ça. Et il y a sans
doute des personnes qui se l'imaginent un peu représentatif de ce
qu'on fait, mais c'est vrai qu'en plus on avait quand même bien
travaillé le crypte donc du coup c'est normal aussi que des gens
réagissent. Mais tant mieux, c'est bien !
N. :
En tout cas pour ceux qui paniquent : pas de panique, ah ah !
Moi je dis big up Fatbabs pour cette instru de malade !
F. :
Non mais moi je trouve que ça sonne reggae aussi tu vois. Enfin, je
pense qu'il y a beaucoup de gens qui parlent de reggae/hip hop, mais
je suis pas sûr qu'ils sont vraiment renseignés sur les bases de la
musique. Il y a énormément de morceau de soul qui sont inspirés du
reggae et réciproquement, c'est un monde de cultures super proches.
Comme le reggae et le hip hop. Tous les producteurs de hip hop font
du reggae et énormément de sons reggae sonnent hip hop ! C'est
très lié et donc, pour moi, tout ça se réunit musicalement autour
du groove. Il y a un groove ! Si il y a bien quelque chose qui
réunit toutes ces cultures c'est le groove. Et Smoke Tricks pour moi
c'est la définition du groove !
Au
niveau de la vidéo on a put remarquer un changement dans la façon
de faire le clip. Est-ce lié à un nouveau producteur, un label ?
N. :
Non non, on est toujours en autoprod ! C'est Faya Burn qui est
là, qui nous a déjà produit Skanking Shoes, Never Get Back... Il
va en parler lui même ah ah !
Faya
Burn : Alors comment ça s'est passé ? En fait, quand il y
a eut Skanking Shoes à l'époque, quand ils ont commencé en
autoprod, on est arrivés, on s'est tous rencontrés et ce qu'il
s'est passé c'est qu'il y a eut une vibes à ce moment là. On a
posé l'appareil, comme sans doute vous le faites là, on a fait un
Skanking Shoes, et on a continué sur ce chemin là. Pour Smoke
Tricks on a décidé de faire les choses maintenant, réellement,
faire un vrai clip ! Et non non, ça n'a pas été signé en
label, c'est juste la même personne qui évolue ! Donc on
montre un peu l'évolution de tout le monde avec le temps.
N. :
En fait Faya s'est entouré d'une équipe qui s'appelle Zone 30, qui
sont des potes étudiants...
FB. :
Ouais c'est des potes. Avant je faisais vraiment tout tout seul, en
autoprod ! Et là je me suis entouré d'une vraie équipe pour faire
un vrai clip quoi. Comme on fait un film ou un court métrage. Il
faut plusieurs personnes, et là big up à Zone 30 qui nous ont aidé
pour ce cip ! Les choses vont avancer, on va refaire d'autres
choses certainement différentes. Peut-être qu'on a fait un petit
virage justement pour l'ovni Smoke Tricks, mais on va revenir faire
d'autres choses. On va surtout essayer de ramener quelque chose de
nouveau, de frais ! La nouvelle vague arrive !!
Du
coup pour l'année 2013 et les prochaines années quels sont vos
projets ?
N. :
Il y a ce qu'on a fait en Jamaïque qui va paraître pour l'été je
pense. Et à côté de ça, moi je bosse sur un album pour 2014. Donc
2013 ça va être quelques lives, plus le petit remixe de Deep
Rockers qui arrive et voilà ! On va partir sur un album avec
mon groupe, on va complètement être de la composition donc on va
voir ce que ça va donner quoi !
Vous
allez faire une prestation avec Skarra Mucci ?
N. :
En fait on fait une tournée de dix dates je crois, avec Skarra
Mucci, Soom T, Papa Style, backé par Resident. C'est produit par
Emaprod, un booking de Bordeaux qui organise la tournée, donc on
fait des dates un peu partout. Annecy, Lyon, Paris, Toulon, tout
ça... Il y a toutes les infos sur Facebook !
F. :
Et je sais aussi que ça passe en Bretagne, près d'ici chez les
bretons, BZH !
Pour
vous qu'est-ce qui serait le plus dur dans le métier d'artiste ?
N. :
Ce serait de tenir dans la durée je crois. Pour un artiste c'est pas
de sortir un album qui déchire, mais c'est de réussir à faire
quatre albums qui déchirent. Ou peut-être aussi réussir à ne pas
mélanger les deux, vie privée et vie d'artiste. Faire la musique
bien, sans que ça bouffe ma vie à côté quoi.
Est-ce
que vous allez changer votre jeu scénique ? Est-ce que tu vas
rester seul sur scène ou est-ce que vous allez évoluer ce côté là
aussi ?
N. :
Moi cette année, à partir de mai, je serai exclusivement avec cinq
musiciens sur scène. On a changé quelques musiciens, mais ça reste
la même. Après on va essayer de croiser quelques trucs, on a des
idées aussi ! On va essayer d'apporter quelque chose avec Fat
notamment, qui s'avère kiffer la scène plus que prévu ! Donc
voilà, pleins de projets, pleins d'envies !!